
Arbrisseau de la famille des Lamiacées du genre Lavandula, très présent autour du bassin méditerranéen, la lavande est un véritable symbole de la Provence. On la trouve principalement dans les Alpes de Haute-Provence, le Vaucluse, mais aussi dans la Drôme, ou les Hautes-Alpes.
C’est la Bulgarie qui en est aujourd’hui le premier producteur mondial, mais on en trouve également en Chine, en Moldavie ou encore en Grèce.
Le lavandin, hybride naturel entre deux variétés de lavande (la lavande fine et la lavande aspic), pousse également en Provence à l’état sauvage. Il y est cultivé depuis le début du XXe siècle, principalement dans les Alpes de Haute-Provence, le Vaucluse, et la Drôme, mais aussi dans les régions du sud-ouest de la France qui en est le premier producteur mondial devant l’Espagne et le Maroc.
Elle peut être traitée par distillation à la vapeur d’eau pour donner une huile essentielle, ou par extraction aux solvants volatils pour obtenir un absolu.
Elle est principalement composée de Linalol, acétate de linalyle, géraniol, coumarine, ou encore camphre.
Olfactivement elle est aromatique, fraiche, camphrée, florale, avec des tonalités de bergamote apportées par le linalol qui est le composant principal de ces deux essences, et de foin apportées par la coumarine. Le lavandin quant à lui est plus camphré, sec, agreste, voire boisé.

Connue depuis l’Antiquité, les romains utilisaient déjà la lavande pour parfumer le linge et l’eau du bain. Elle est donc associée à une notion de propreté, son nom viendrait d’ailleurs du verbe latin lavare qui signifie « laver ». Ce sont ses vertus médicinales qui la font aussi connaître. Elle serait arrivée en Europe via l’Egypte, où elle faisait partie des rituels de momification.
A partir de la Renaissance elle entre dans certaines compositions parfumées telles que l’Eau de la reine de Hongrie au XVII ème siècle ou l’Eau de cologne de Napoléon, considérées comme les premières eaux de cologne aromatiques, puis les notes fougères (l’accord fougère est composé de bergamote, lavande, notes rosées/géranium, notes boisées vétiver/mousse, fève tonka) telles que Fougère Royale d’Houbigant créé en 1882 par le Parfumeur Paul Parquet (et portée par Guy de Maupassant), Pour un homme de Caron créé par Enerst Daltroff en 1934 ou encore Le Male de Jean-Paul Gaultier basé sur un accord lavande vanille, créé par Francis Kurkdjian en 1995.
Si elle devient emblématique des fougères masculines, la lavande n’est cependant pas réservée aux hommes, en témoignent les parfums Jicky de Guerlain, pilier historique de la parfumerie depuis 1889, ou plus récemment Mon Guerlain, lancé en 2017, et Libre d’Yves Saint Laurent lancé en 2019.
Au XIXe, la lavande est prisée de l’aristocratie anglaise : en témoigne le tableau de William Henry Margetson Fresh lavender (1909) et l’eau de toilette English Lavender (1873) de Yardley, fournisseur officiel de la couronne en savons parfumés à la lavande.

En 2022 lors de l’exposition Respirer l’art au Musée International de la Parfumerie de Grasse, dédiée au lien entre parfumerie et art contemporain, Peter de Cupere propose une œuvre olfactive composée de fleurs naturelles séchées : Revival propose de regarder avec le nez un fauteuil jaune sur un tapis bleu, qui s’avère être un fauteuil d’immortelles sur un tapis de lavande fine. L’odeur permet une expérience individuelle de chaque spectateur, faisant appel à sa mémoire olfactive. Pour Peter de Cupere, la lavande est une énergie immatérielle, un parfum méditatif et régénérateur, respirer c’est vivre.

C’est également le pouvoir tranquillisant de la lavande qui est à l’origine du nom du premier long métrage de Valérian Cadici, L’odeur de la lavande, sortie prévue 2026. Evocatrice du décor du film tourné en Drôme provençale, la lavande symbolise également le besoin de calmer l’anxiété d’une jeune photographe en prise aux doutes d’une jeune artiste en début de carrière.

Le parfum Jazz, lancé par Yves Saint Laurent en 1988, fait écho à ce style musical, entre ombre et lumière, joie et mélancolie, intensité et douceur.
C’est le parfumeur Jean-François Latty qui signe cette création boisée aromatique. Une composition telle un jazz olfactif, qui passe de piano à forte via des notes fraiches et légères de lavande, armoise et genévrier en tête, à la profondeur des bois (santal, vetiver, mousse, patchouli), le tout sur une construction fougère formant un ensemble assurément masculin et viril dévoilant une part sensible, et oscillant entre deux pôles : le noir et le blanc, la force et la sensibilité, la maîtrise et l’improvisation. Jazz fait aujourd’hui partie de la Collection des Parfums Classiques d’Yves Saint Laurent.

