
Alors que paraît demain le dernier opus intitulé Armoressence : connaissez-vous cette série de parfums créés à l’initiative de la revue Nez et sous la direction de Jeanne Doré ?
1+1 c’est à chaque fois l’histoire d’une rencontre entre un parfumeur et un artiste issu d’un autre domaine artistique.
Voici un petit tour d’horizon de cette collection particulière.
1+1 Hongkong Oolong – Maurice Roucel & Alan Chan
Cette création résulte de la rencontre entre un parfumeur et un designer, mais aussi de celle entre la France et la Chine. De cette collaboration naîtra un parfum travaillé autour d’une note thé, libre interprétation du parfumeur, à laquelle il apportera les spécificités du Oolong.
Pour le réconfort qu’apporte une tasse de thé, des muscs, pour l’effet de chaleur, des épices telles que la cannelle, le girofle, la cardamome ou encore le gingembre, enfin, du santal et de la tonka, comme un nuage de lait dans une tasse en porcelaine de Chine. Le Oolong apparaît pour sa part sous la forme de notes florales, que des notes de fond un peu plus sombres telles que le cuir ou la mousse viendront soutenir pour illustrer le caractère fermenté des feuilles de thé.
1+1 Folia – Julien Rasquinet et Eva Jospin
Entre Paris et Grasse, l’artiste plasticienne Eva Jospin et le parfumeur Julien Rasquinet ont imaginé Folia. Partant de l’idée de superposition issue du travail d’Eva Jospin, Julien Rasquinet a créé un parfum où l’odeur des feuilles mortes, vertes et champignonneuses, se superpose à celle des cailloux et de la mousse dans une atmosphère à la fois végétale et minérale. Une note aqueuse vient compléter l’équation, comme un filet d’eau ruisselant, accompagnée du côté résineux du fir balsam et racinaire du vétiver. A l’image des œuvres d’Eva Jospin, ce sous-bois est également secrètement habité par une présence féminine personnifiée par la fleur d’oranger.
1+1 Ambre à lèvres – Mathilde Bijaoui et Marjane Satrapi
Des souvenirs d’enfance de Marjane Satrapi, peintre et réalisatrice, Mathilde Bijaoui a fait un parfum. Pour la parfumeure, Ambre à lèvres est d’abord un parfum qui évoque l’artiste « comme le rouge orangé mat de ses lèvres ou les couleurs contrastées de ses portraits de femmes »
L’ambre est donc le socle d’une fragrance évoquant l’odeur du rouge à lèvre de la grande-tante de Marjane Satrapi. Construite autour de l’iris de Florence et d’une touche d’absolue de rose, c’est une note poudrée et cosmétique. L’accord ambré quant à lui s’articule autour de vanilles, de benjoin et de fève tonka. Le sillage musqué de cette composition flotte dans l’air comme un souvenir.
1+1 Kraft gommé – Marie Salamagne et Woodkid
Yoann Lemoine, alias Woodkid, réalisateur et musicien, est également passionné d’images ce qui l’a conduit à mener des études artistiques. Souvenir datant de plus de vingt ans, il n’en demeure pas moins précis : odeur de colle, de gomme, de vernis, de papier ou encore de chevalet de bois. C’est par définition, l’odeur de la création, que Marie Salamagne a donc cherché ici à retranscrire à travers des notes d’huile de lin, de cire d’abeille, ou encore de myrrhe. Passant de la sculpture au dessin, la note évolue vers une atmosphère plus boisée, sèche, cédrée, comme la mine d’un crayon fraichement taillé. Plus sensuelles, des notes tabacées réchauffées d’Ambrox et de baume de Tolu, font de Kraft gommé le parfum des premières émotions d’un artiste en devenir.
1+1 Le lac – Annick Menardo et Angelin Preljocaj
La danse occupe une place importante dans la vie d’Annick Menardo. C’est après avoir vu Le lac des cygnes, mis en scène par Angelin Preljocaj -qu’elle rencontrera par la suite- au Palais de Chaillot que cette dernière a de suite eu envie de retranscrire olfactivement l’ambiance du ballet. Plus odeur que parfum, Annick Ménardo a travaillé une note assez figurative : l’overdose de molécules ozoniques évoque un lac au milieu des grattes-ciel qui composent le décor. Des facettes naphtaline et pétrole, renforcées par des notes aldéhydées, illustrent l’aspect industriel, et le goudron les oiseaux mazoutés. Une note très sombre donc, à l’image d’une catastrophe écologique, que vient adoucir la fraicheur des notes aromatiques et naturelles de l’eucalyptus, de la menthe et du pin, apportant un caractère plus optimiste à la note et symbolisant l’espoir.
1+1 In the Arboretum – Sopheap Pich et Violaine Collas
« Les courbes, lignes et textures qui traversent In the Arboretum dessinent le contraste entre la légèreté et la luminosité des sculptures de Sopheap Pich et l’environnement sauvage, dense et sombre de la jungle cambodgienne. » , voici comment Violaine Collas explique sa création.
Ainsi, la parfum s’ouvre sur une note épicée évoquant l’Asie. On y retrouve la cardamome mais aussi le poivre de Sichuan qui, de par ses facettes épicées et zestées, rappellent à l’artiste des moments passés sous le manguier dans son jardin cambodgien. Des notes terreuses, à la fois chaudes et humides continuent de dessiner le paysage, qu’un accord vert et végétal de bambou, médium très utilisé par le plasticien, vient compléter. Cette composition se construit donc autour de l’idée de voyage et du lien étroit entre mémoire et parfum.
1+1 Adorem – Akrame Benallal et Fabrice Pellegrin
Née de la rencontre entre le parfumeur Fabrice Pellegrin et le chef Akrame Benallal, cette création a pour sujet principal la couleur noire.
Partant de l’idée des notes fumées et brûlées qui tiennent une place importante dans sa cuisine, l’encens, matière chère au chef Benallal, va rapidement devenir le cœur de la création du parfumeur. Ingrédient présent en overdose dans Adorem, l’encens Vulcain, au profil fumé, est accompagné d’absolue de cacao et d’une infusion de vanille apportant rondeur et sensualité à l’ensemble. Un encens CO2, au caractère plus montant, des baies roses et de l’élémi en tête apportent une verticalité à la note. Enfin, le patchouli et le cèdre en fond permettent de prolonger cette effet noir.
1+1 Armoressence – Jeanne Vicerial et Nicolas Beaulieu
Artiste textile, les silhouettes de Jeanne Vicerial sont constituées d’un seul fil. Le parfumeur y voit une certaine lisibilité, c’est pourquoi il a choisi de travailler un parfum lisible lui aussi, avec une formule courte constituée de deux blocs. D’une part une note boisée, avec un accord palo santo purificateur construit autour de notes santal, vétiver et cyprès. Et d’autre part une note aromatique, un peu brûlée, pour évoquer les bouquets de sauge blanche consumés, constituée de sauge sclarée, de sauge officinale, de styrax et de bouleau. Enfin, une note verte de lentisque, gentiane et feuille de curcuma apporte du contraste à cette fragrance qui se veut celle d’un ressenti plus qu’une création intellectuelle.
Ces créations en éditions limitées, pour la plupart encore disponibles sur le site de la revue, sont autant d’illustrations du processus de création olfactive et vous invitent à sentir l’Art !
















