
Tirant son nom de la mythologie grecque, Iris, aux ailes brillantes et colorées, était la messagère des dieux. L’arc-en-ciel qu’elle laissait dans son sillage était le symbole du lien qu’elle représentait entre la terre et le ciel.
Considéré comme l’une des matières les plus nobles de la palette du parfumeur, parfois surnommé « l’or bleu de la parfumerie », l’iris est notamment produit en Italie (Toscane), au Maroc (vallée de l’Atlas) et en France. De la famille des iridacées, deux variétés sont principalement utilisées en parfumerie : l’iris pallida (originaire d’Italie), et l’iris germanica.
L’huile essentielle, ou beurre d’iris, peut atteindre 10 000 à 15 000 € le kilo. Ce coût élevé est essentiellement dû au temps nécessaire à la culture de cette plante à parfum ainsi qu’à son faible rendement.
Ce n’est pas la fleur qui est exploitée en parfumerie mais la racine, aussi appelée rhizome.
Après trois années en terre, les rhizomes sont donc récoltés à la main, écorcés puis lavés. A ce stade ils ne présentent aucun intérêt olfactif. Débute alors une longue période de séchage, de trois ans à nouveau, étape nécessaire et essentielle puisque c’est durant cette étape de séchage que les composés odorants vont se former.
Ainsi, après six années, les rhizomes sont enfin exploitables. Broyés et réduits en poudre, ils sont extraits par distillation à la vapeur d’eau. On obtient un solide gras appelé « beurre d’iris » (à un rendement faible de 2‰) à l’odeur riche, poudrée, rappelant celle de la violette due à la présence importante d’irone, composé principalement responsable de l’odeur de l’iris. Suite à macération du beurre d’iris dans un solvant organique afin de le débarrasser de ses acides gras, on obtient l’absolu d’iris (rendement max de 3‱) qui présente toujours des notes de violette mais aussi des facettes boisées, mimosa, ou encore carotte (l’essence de graine de carotte étant d’ailleurs souvent employée pour remplacer ou soutenir les notes irisées).
La poudre des rhizomes peut également être extraite aux solvants volatils (on obtient alors un résinoïde, produit visqueux contenant 1 à 3% d’irone), ou encore être traitée par teinture ou par infusion d’iris (contenant de très faibles quantités d’irone).

Présent dans de nombreux parfums mythiques tels que 1000 de Jean Patou, L’heure bleue de Guerlain, ou encore 24 Faubourg d’Hermès, l’iris a récemment été mis à l’honneur par la marque Comme des Garçons dans le parfum Odeur du théâtre du Châtelet-Acte I.
Lancé en 2019, et créé par Caroline Dumur, c’est la première fois dans le monde du spectacle qu’un théâtre lance son parfum. « Ce n’est pas un parfum c’est une odeur » déclare Ruth Mackenzie, directrice artistique du théâtre du Châtelet. Issue de la collaboration entre la maison de mode japonaise Comme des Garçons et la maison de création de parfums américaine IFF, c’est une fragrance unisexe. Elle retranscrit l’atmosphère du théâtre, des fauteuils en velours, de la scène, de la lumière, des fumigènes, à travers des notes de poivre noir, d’ambrette, de rose oxyde, d’héliotrope, de fleurs blanches, de cèdre, d’encens, de muscs et des fameuses racines d’iris. Une odeur volontairement théâtrale !

